Et si la prévention était la solution ?

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La maintenance préventive et les initiatives de santé et de sécurité sont souvent ignorées ou laissées de côté lors des planifications budgétaires. Pourtant, les programmes de prévention permettent de déterminer les éléments qui nécessitent un entretien récurrent important, surtout lorsqu'il s'agit de préserver la santé publique.

L'histoire d'une contamination de l'eau potable*

*Cette histoire est basée sur des faits vécus.

Claude ne croyait pas qu'il aurait un jour besoin de soins médicaux pour traiter un empoisonnement lié à la consommation d'eau potable à son condominium. Malheureusement, il a effectivement dû être hospitalisé, avec sa conjointe et leurs enfants de 2 et 5 ans. Il croyait que ce genre d'incident ne se produisait que dans les usines et les industries. Il avait d'ailleurs vécu un incident comparable à l'usine de transformation alimentaire où il occupe le poste de directeur de la qualité. Heureusement, le problème avait été découvert assez tôt et personne n'avait été empoisonné. Pourtant, les deux événements de contamination, sans être directement liés, se sont produits dans des circonstances très similaires. Il est en effet remarquable de constater qu'il faut une suite d'événements d'apparence anodine pour provoquer une contamination aux effets négatifs, voire dangereux, pour la population. Mais que s’est-il passé?

La fluctuation de la pression dans les bâtiments, une réalité quotidienne

Claude habite au vingtième étage d'un bâtiment abritant près de soixante-dix copropriétés : une réalité courante des centres urbains d'aujourd'hui. Il a acheté cet appartement afin de procurer une proximité aux services et une sécurité à sa jeune famille. Le bâtiment a été construit il y a déjà une quinzaine d’années et les administrateurs doivent jongler avec un budget d'entretien annuel ainsi que de capital pour remplacer des composantes usées ou en fin de vie. Les administrateurs ne sont pas des experts en mécanique du bâtiment et ils font confiance aux recommandations des professionnels qu'ils mandatent. Cette ignorance des administrateurs rend leur tâche ingrate au moment de déterminer les priorités et de prendre les bonnes décisions.

Donc, au fil des ans, les pompes de surpression d'eau potable, requises pour maintenir une pression adéquate dans le réseau de distribution du bâtiment, ont accumulé de l'usure et fini par nécessiter une mise à niveau importante. Depuis un certain temps, ces pompes maintenaient difficilement une pression constante dans les conduites. De plus, elles provoquaient de grandes fluctuations de pression ainsi que du siphonnement occasionnel aux étages supérieurs.

La présence de plus en plus notable de produits chimiques dans les bâtiments

Une salle mécanique importante se situe au 21e étage, et des produits chimiques sont utilisés dans les systèmes de climatisation et de chauffage afin de prévenir la corrosion et la création de limon ainsi que pour contrôler les bactéries. Tous les systèmes de l'étage sont raccordés à un apport d'eau potable afin de compenser une perte due à une fuite ou à l'évaporation. Bien qu'un dispositif antirefoulement soit installé sur l'apport d'eau au 21e étage afin de prévenir le refoulement des produits chimiques dans le réseau de distribution, celui-ci n'a pas été inspecté annuellement depuis longtemps et personne ne sait qu'il est défectueux.

Un dispositif manquant dans le bâtiment

Le code de sécurité de la RBQ, qui s'applique aux propriétaires de bâtiments au Québec, est précis et exige l'installation d'un dispositif antirefoulement à l'entrée d'eau d'un bâtiment. Ce dispositif prévient qu'un contaminant, qui pourrait circuler dans le bâtiment, se retrouve dans le réseau d'aqueduc municipal. Malheureusement pour Claude et ses voisins, la loi n'a pas été respectée et aucun dispositif n'a été installé.

Les conditions gagnantes pour une contamination complète

Quelques heures avant le retour de Claude à la maison, il y a eu une dépressurisation importante du réseau d'aqueduc dans la rue adjacente au bâtiment où il habite. Cette dépressurisation a ensuite produit un siphonnement de la conduite d'alimentation du bâtiment où il réside. Au même moment, une brève panne d'électricité a mis les pompes en arrêt. En raison de cette perte de pression et du fait que les pompes ne pouvaient pas effectuer leur travail adéquatement, l'eau potable du bâtiment a refoulé dans la conduite, entraînant avec elle du produit contaminant utilisé dans la salle mécanique du 21e étage.

Toutes les conditions étaient présentes pour provoquer une contamination importante : une perte de pression créant un siphonnement, l'absence de dispositifs antirefoulement fonctionnels, et la présence d'un contaminant introduit dans les conduites de distribution d'eau par des pompes défaillantes. La concentration du contaminant dans les conduites de distribution d'eau était suffisante pour incommoder Claude et sa famille. De plus, le contaminant s'est retrouvé dans l'aqueduc municipal, ce qui a nécessité l'intervention urgente du service de l'eau de la municipalité.

Conséquences d'une contamination importante

Les conséquences d'une contamination du réseau de distribution de l'eau potable sont nombreuses. La plus importante est certainement le danger pour la santé des citoyens. Ensuite, dès qu'il y a une menace à la santé des citoyens, la municipalité doit procéder à des évacuations préventives autour du bâtiment fautif. S'ensuivent alors des pertes financières pour les commerces forcés de fermer leurs portes, sans parler des risques de poursuites judiciaires de la part des victimes.

La municipalité doit non seulement déployer des efforts pour évacuer les résidents, mais aussi pour nettoyer les conduites d'eau qui sont contaminées. Ce nettoyage soudain et intensif peut causer d'autres problèmes dans le réseau de distribution en délogeant des particules déposées dans les conduites. La confiance des citoyens est alors mise à rude épreuve lorsqu'ils observent un changement inquiétant de la couleur de l'eau à la suite de ces interventions.

Le coût de "ne pas faire"

Avec la multitude d'obligations à respecter, il est difficile aujourd'hui pour un gestionnaire de gérer le risque lié à certaines actions préventives pour l'entretien d'un bâtiment. Parfois, un budget serré l'oblige à négliger certaines composantes de la mécanique du bâtiment, y compris la protection de l'eau potable. Toutefois, afin de prendre les bonnes décisions, le gestionnaire doit comparer les coûts tangibles de « faire » aux coûts intangibles de « ne pas faire ».

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